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vendredi 10 octobre 2014

Quand j'ai vu danser les arbres



Allongée sur un rocher, savourant le calme et la douceur du vent, je vacillais dans le sommeil. En ouvrant les yeux, imperceptiblement, à la place des arbres je vis des corps danser, des jambes s'élancer et des bras s'étirer. Je clignais des yeux et la vision s'en alla. 

Vrai ou faux ce n'est pas ce qui est important. Ce qui est important c'est cette sensation de vie, de mouvement, de conscience, cette danse effrénée qui se déroule autour de nous, qui n'a pas besoin de notre regard pour s'animer.  La sensation que chaque pierre, chaque brin d'herbe et chaque arbre est connecté, qu'ils forment une même conscience, se passent le mot quand un étranger arrive sur les lieux. Je ne me suis jamais sentie seule en forêt.  Je vais souvent rencontrer les arbres et m'assoir près d'eux, apprendre d'eux. Parce que selon moi on peut apprendre de tout ce qui vit si l'on regarde bien. 
Ma visite se ponctue de haltes auprès de certains arbres, comme si j'allais voir des amis... Chaque arbre à sa personnalité : celui en haut de la colline écoute mes questions et assiste à mes méditations, un autre plus loin m'a aidé à prendre mon courage à deux mains, à avoir confiance toutes les fois où je grimpais de plus en plus sans aucune peur parce que j'avais la foi enfantine que ses branches me rattraperais si je tombais. Il y a un autre arbre qui a été frappé par la foudre, il est noir et plus de feuilles n'y poussent, tout autour de lui les vibrations sont plus pesantes, je m'éloigne toujours un peu dès que j'approche cette sphère. Il y a ces arbres bien droit tous rassemblés sur une partie surmontée de la forêt, ils se dressent cérémonieusement en rond, comme s'ils attendaient que le soir tombe pour accueillir une réunion des habitants des bois. Il y a l'entrée de la forêt où je m'agenouille à chaque début de promenade sous les branches des grands pins . Je contemple, je ferme les yeux et je sens, je vis leur présence. Des images viennent à moi, des sensations d'amour. Je les regarde et j'ai le sentiment d'être regardée par eux tous aussi. 
Quand je me promène je perçois un bref instant des yeux formés par les branches, des visages qui me regardent entre deux feuilles. Au fur et à mesure de mes pas j'entends les animaux fuir à mon approche. Je réalise un instant alors que je ne fais plus partie de leur monde, qu'eux sont "sauvages" et apeurés par notre présence synonyme de... mort ? Malgré le plaisir que j'ai de marcher dans ces lieux, j'ai toujours cette impression de perturber l'harmonie qui y règne, comme un intrus.

J'aime imaginer, à la tombée de la nuit, toutes les émanations spirituelles de chaque formes de vie s'extirper de leur corps. Je les imagine danser, survoler mon parcours. Je les imagine comme des nuées de fumées bleutées, éthériques, se réunir le soir et dès la première lueur du jour rentrer dans leur scaphandre en attendant que le soleil se couche et riant de notre ignorance. J'aime croire à l'existence d'un tout autre monde qui n'a pas besoin de nous, qui nous regarde comme des enfants ignorants qui expérimentent tout et rien, qui font des erreurs, qui ne réalisent pas tout ce qu'il y a autour d'eux, comme les fourmis qui ne voient qu'une infime partie du monde. Imaginez ces grands arbres, solides, stables, apaisant, nous regarder bouger et nous agiter tandis qu'eux savourent juste l'instant présent en se laissant bercer par le vent. Et nous au milieu, apeurés par notre ombre... Ils entendent nos pensées troublées par milles et une questions dont les réponses se trouvent pourtant en nous, quand notre esprit est apaisé, dans un état de paix, de contemplation, de gratitude. Ils nous regardent essayer tous les chemins possibles, ils nous regardent courir, pleurer et nous accueillent dans leur antre pour nous réconforter.

Je fais sûrement preuve de naïveté, ou de puérilité, mais cette étincelle que nous avons depuis enfant et qui donnait vie à chaque chose autour de nous, je pense qu'il ne faut jamais l'éteindre, il faut la préserver et la nourrir de ces moments retrouvés d'innocence et d'émerveillement. Car cette étincelle ouvre de nombreuses portes et illumine de nombreux recoins assombris par notre façon trop sérieuse d'appréhender le monde.

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